Je cours, je cours comme jamais. Les larmes dévalent mes joues à une vitesse fulgurante, mes yeux ambrés sont cernés de rouge, j’ai les bras et les jambes tailladés par mes propre mains.
Je ne veux plus vivre ! J’arrive au bord d’une falaise, c’est la fin. Je m’arrête et regarde au fond. Près de vingt mètres de vide, je ne souffrirais pas au moins.
Cette fois-ci… tu n’es plus là pour me rattraper.***
Je joue dans le sable, mes cheveux bruns au carré brulants à cause du soleil cachent une partie de mon visage. Avec mes mains je dessine et fait des forme sur cette matière jaune en pensant à tout ce que peut penser une fille de cinq ans. Soudain, je sens de l’eau tomber sur moi et je me retourne brusquement. En face de moi se trouve un garçon aux cheveux de neige aux eux rouges. Il semble avoir mon âge et face à son regard embarrassé je me mets à rire.
« P-Pourquoi tu ris ? Tu n’es pas en colère ?
-Pourquoi je le serais ? T’es trop drôle avec la tête que tu fais. En plus, il fait chaud, un peu d’eau ne fait pas de mal »
Puis je lui souris et nous commençons à parler. J’apprends que s’il m’a fait ça c’est parce que des personnes plus grandes que lui ont dit de faire ça sinon ils allaient le frapper. Je n’ai donc encore moins de raison de m’énerver contre lui.
Les jours passent et je le vois tous le jour jusqu’à la rentrée des classes où nous nous retrouvons tous deux dans la même classe du cours préparatoire. C’est mon seul ami, on rentre tous les soirs ensemble puis arrive l’entrée au collège. Notre relation avait atteint un point qui n’était plus de l’amitié, mais pas non plus de l’amour ni même de la fraternité, on se connaissait plus que tout et on s’appréciait à un point même pas imaginable.
Ce fut un véritable déchirement de devoir se quitter au collège car il déménageait. Nos au revoir furent difficiles mais je m’étais promise de ne pas pleurer car je savais qu’on se reverrait. Il avait donc décidé de faire un jeu.
Nous étions sur un muret de deux mètres de haut et ont devait marcher puis sauter en bas sans prévenir. Il avait réussi à sauter avant moi. Je me retrouvais donc en haut, comme une idiote à ne pas vouloir descendre car je trouvais cela trop haut. Je tremblais et le regardais.
« Si tu as trop peur, continue de marcher plus loin et saute, là bah, ce n’est pas haut »
Je déglutis
«Si je tombe… tu me rattrapera ?
- Oui, toujours »
Je marche donc mais la peur prend le dessus, je m’emmêle les pieds et glisse sur le côté en hurlant de surprise. Je m’attends à tomber sur le sol de plein fouet et à m’écorcher mais à la place, un corps chaud et mou m’accueille avec un rire cristallin
« T’es pas douée Kyo, je t’avais dit que je te rattraperais »
Il sourit et je lui rend son sourire avant de le regarder tristement lorsque j’entends sa mère l’appeler.
« Tu vas me manquer Heto… »
Il me sert dans ses bras et je sens une larme toucher mon épaule.
« Moi aussi, mais surtout n’oublie pas une chose, peu importe que tu tombes ou non, le plus important est la manière dont tu te relèves. »
Je ne comprends pas vraiment le sens de sa phrase mais la retiens au plus profond de mon être. Il me remet doucement debout et m’embrasse le front
« à bientôt »
Pourtant, cette fois-ci j’avais l’impression sonnait plus comme un adieu. Je n’ai pas eu le courage d’aller le rejoindre jusqu’à sa voiture, je me suis simplement assise le long du mur en fermant les yeux et en attendant qu’il parte avant de rentrer chez moi.
Le collège a sonné comme les pires années de ma vie, rien n’allait plus, entre insultes, violence physique et morale qu’on m’infligeait et ce que mes parents pensaient de moi, j’en suis venu au fait que je devais quitter ce monde. J’avais perdu mon meilleure amie, mon confident, ma moitié. Je n’avais plus personne sur qui compter et plus personne pour me rattraper. Je voulais tomber et ne plus jamais me relever.
Une journée d’insultes, une journée de trop. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je sors du collège, bien décidée à mettre fin à mes jours. J’entends derrière mon dos d’une voie exprimant méchanceté et dédain
« à demain »
Un coup de pied dans les jambes me fait perdre l’équilibre. Oui, c’en est trop. Une larme roule le long de ma joue, je me relève en silence sous les rires des autres et me met à marcher puis courir droit devant moi.
La falaise. ***Je mets un pied en avant. Au revoir le monde, bonjours les ténèbres. Puis me laisse aller dans le vide, une expression indéchiffrable ancrée sur mon visage. Je suis presque heureuse de mourir puisque je ne souffrirais plus du martyre que je subis ni de l’absence trop présente de la touffe blanche qui a su donner un sens à ma vie.
Je vois le sol se rapprocher et ferme les yeux, attendant la mort comme une délivrance.
Soudain, je me sens atterrir lourdement, non pas sur le sol mais… dans les bras de quelqu’un. J’ouvre les yeux et voit un magnifique jeune homme aux cheveux mi long blanc et des yeux que je reconnais entre mille, des yeux rouges.
« Je t’avais dit que je serais toujours là pour te rattraper »
Je n’en peux plus, des larmes de joie dévalent mes joues. Je n’y comprends plus rien, il est là, pourquoi ? Comment ? J’arrête de me poser des questions et enlace Heto de mes bras meurtris.
« Heto… tu m’as tellement manqué… »
Grâce à lui, je vais enfin réussir à me relever.
Mille mercis…